Lettre # 4 –À mon corps, Mon temple sacré

Mon corps,

Je t’ai longtemps maltraité.
Pas par méchanceté.
Par ignorance. Par peur.
Parce que j’ai cru ce qu’on m’a répété.

On m’a appris que tu devais être mince.
Lisse. Parfait.
Désirable pour exister.
Silencieux quand tu cries.
Flexible, performant, séduisant.

Alors je t’ai jugé.
Je t’ai puni.
Je t’ai comparé.
Je t’ai haï.

Je t’ai accusé de tous mes échecs.
Si je n’étais pas aimée, c’était à cause de toi.
Si je perdais, c’était que tu n’étais pas assez.
Pas assez beau.
Pas assez jeune.
Pas assez fort.

Je t’ai fait du mal.
J’ai mal mangé, j’ai bu, j’ai fumé.


Je t’ai privé de sommeil.
Je t’ai tiré, étiré, sculpté, écrasé.
Je t’ai forcé à ressembler à des corps qui n’étaient pas le tien.

Je t’ai regardé dans le miroir avec honte.
Même quand les autres me trouvaient belle,
moi je ne voyais que des défauts.

Mais toi, tu étais toujours là.
Tu m’as tout de même portée.
Tu m’as laissée danser, marcher, aimer, pleurer, rêver.
Tu m’as offert la vie.
Tu m’as offert le yoga.

Et c’est là, un jour, en fermant les yeux après un mantra,
que je t’ai enfin entendu.
Un frisson, un battement, un souffle.
Tu étais là. Vivant. Présent.
Parfait, dans ta fonction sacrée.
Tu faisais de ton mieux, depuis le premier jour.

Ce jour-là, j’ai compris.
La beauté n’a rien à voir avec les standards qu’on nous impose.
La beauté n’est pas dans les filtres, ni dans la perfection.
Elle est dans la santé.
Dans la présence.
Dans l’amour que je peux te porter,
même quand tu changes.
Même quand tu n’es pas « comme il faut ».

Aujourd’hui, tu changes encore.
Et parfois, je détourne encore le regard.
Mais je ne t’en veux plus.
Je comprends que j’ai juste besoin de temps.
Et je ne te promets pas de ne jamais rechuter.
Mais je te promets une chose :
je vais faire de mon mieux pour t’aimer.

Je choisis une pratique douce, bienveillante.
Pas pour te contrôler.
Mais pour t’honorer.
Je veux t’écouter.
Et arrêter de te défier.

Parce que tu es plus qu’un corps.
Tu es mon refuge.
Mon ancrage.
Mon temple.
Et à partir d’aujourd’hui, je te le dis :
je t’aime.

Inna

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