A woman sitting alone on a wooden dock by the lake, showing solitude and reflection.
A woman in sportswear gripping her lower back, potentially indicating discomfort, set in an outdoor environment.

Ce matin, je n’ai pas été réveillée par une alarme.
Ni par le soleil.
C’est mon corps qui a parlé en premier.
Un bloc. Un tiraillement. Une fatigue sans nom.
Pas une douleur spectaculaire, non — une fatigue sourde. Une limite.

Et je savais.
Je savais que ce n’était pas le corps le problème.
C’était ce que je ne voulais pas voir.

Je cours, souvent. Même assise, je cours.
Je remplis les vides, les silences, les moments où je pourrais m’écouter.
Je suis douée pour répondre aux besoins des autres.
Mais quand il s’agit de moi… je détourne les yeux.

La douleur, chez moi, ne crie pas.
Elle s’installe.
Elle attend.
Elle serre sans violence, mais avec constance.
Elle s’impose quand j’ai trop dit oui, trop encaissé, trop voulu faire bien.

Et ce matin, elle était là, au creux du dos,
comme une main posée, douce et ferme :
“Tu n’as plus d’espace pour tricher.”

Je me suis souvent jugée.
Pour mes lenteurs.
Pour mes besoins de pause.
Pour ma sensibilité que j’ai longtemps appelée “faiblesse”.

Et je me suis punie.
En exigeant plus.
En ne m’accordant pas la grâce que je donne aux autres.

J’ai appris à parler fort, à être claire, à inspirer —
Mais à l’intérieur, il y avait cette version de moi
qui se sentait encore de trop.
Celle qui croyait qu’elle devait mériter l’amour en se montrant parfaite.
Celle qui ne savait pas que la douceur pouvait être un droit, pas une récompense.

Aujourd’hui, je n’ai plus envie de me blâmer.
Ni de me sauver.

Je veux juste être avec moi.
Avec cette part fatiguée.
Avec cette voix qui n’a jamais eu le temps de parler.
Avec ce corps qui me supplie parfois de l’écouter.

Je ne veux plus porter de masque.
Ni celui de l’expert
Ni celui de “ça va”.
Je veux vivre entière, pas brillante.
Je veux avancer humaine, pas parfaite.

Et toi, douleur, tu n’es pas mon ennemie.
Tu es mon langage oublié.
Tu es ma mémoire somatique.
Tu es le poème que j’ai enfoui sous mes efforts.

Aujourd’hui, je t’écoute.
Je ne te combats pas.
Je t’ouvre un espace.
Et je me promets une chose :
ne plus jamais me trahir pour rester debout.

Mantra

Je m’autorise à ralentir. 
Je m’autorise à sentir. 
Je m’autorise à ne pas aller bien, 
sans cesser d’être digne d’amour.

Inna

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