Lettre #12 – À mes émotions cachées (et visibles)

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Hier, c’était le jour 12.
Mais entre les rires, les voix, et la fatigue d’avoir accueilli ceux que j’aime, les mots ne sont pas venus.
Mon esprit était brumeux, mon cœur silencieux.
Alors, je n’ai pas forcé. J’ai laissé ce moment passer, et j’ai offert à mes mots le calme du matin suivant,
après une séance de yoga doux qui m’a remise sur pieds.

Aujourd’hui, je choisis de vous écrire,
à vous, mes émotions cachées.
Et aussi à vous, mes émotions visibles, celles qui débordent parfois sans prévenir.

Ma vie entière a été traversée par vous.
Même dans mes rêves les plus lointains,
vous étiez là.
Parfois vous me faisiez flotter dans les nuages,
heureuse, légère, invincible.
Et parfois, vous m’enfonciez dans des brumes épaisses,
dans des nuits sans fin, noires et humides de larmes.

Quand j’étais enfant, j’avais honte de vous montrer.
Alors je vous ai cachées.
Je vous ai gardées au fond de moi,
comme on enferme des animaux sauvages,
avec peur et ignorance.

Et vous avez grandi avec moi.
Moi, la fille aux lunettes roses,
vulnérable et douce,
mais qui se jugeait en silence,
et se punissait de trop ressentir.

J’ai rêvé d’un amour immense.
J’ai cru qu’il fallait être exceptionnelle pour mériter d’être aimée.
Alors, au moindre jugement,
je me retirais,
je me cachais,
je pleurais,
je me justifiais.

Je vous ai laissé devenir les maîtres de mon monde intérieur.
Et j’ai construit des images de revanche,
où je serais forte, belle, reconnue.
Mais je ne vous ai jamais laissées sortir.
Je vous ai gardées,
dans une cage invisible,
serrée contre mes os.

Et pourtant,
dans la sagesse de l’Ayurveda, j’ai appris que chaque émotion est un goût, un rasa.
La tristesse porte le goût astringent : elle resserre, elle isole, elle sèche.
La colère brûle comme le goût piquant – elle consume, mais peut aussi purifier.
La peur est amère, elle nettoie, mais peut aussi vider.
Et l’amour, lui, est sucré, doux et nourrissant — parfois jusqu’à l’excès.

Je comprends maintenant que je peux équilibrer mes émotions
en choisissant les bons goûts,
les bonnes expériences,
les bons mots.

Un peu de douceur (madhura) quand je me juge.
Un peu d’amertume (tikta) quand je m’attache trop.
Un peu d’acide (amla) pour relancer la passion.
Et parfois, simplement… une gorgée d’eau tiède et un silence plein de présence.

Aujourd’hui, cette cage s’ouvre.
Je vous rends à l’air, au ciel, à la lumière.
Comme des oiseaux que l’on relâche enfin,
je vous laisse partir.
Je vous regarde vous envoler
dans l’immensité de l’univers,
là où vous n’avez plus à me définir.

Parce que cette cage…
elle est devenue lourde.
Et ce poids,
ce n’est pas le vôtre.
C’est celui que je me suis imposé.

Aujourd’hui, je m’en libère.
Et je vous honore,
comme des messagères de mon âme.

Inna

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