Lettre #14 – À ma voix que j’ai muselée trop longtemps

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Ma chère voix,

Je t’ai longtemps tenue à distance.

Comme une amie un peu gênante que je n’osais pas présenter au monde.

Je t’ai jugée, je t’ai comparée,

et je t’ai surtout souvent étouffée.

Je voulais que tu sois douce et fluide,

inspirante comme celles qu’on écoute sans respirer.

Mais toi, tu tremblais.

Tu butais.

Tu te brisais sous la pression.

Et moi, je me taisais à ta place.

J’ai cru que tu n’étais pas à la hauteur.

J’ai cru qu’il valait mieux me taire

plutôt que risquer d’être ridicule,

trop sensible, trop confuse, trop « moi ».

Je t’ai coupée au montage.

Je t’ai refusée en chant.

Je t’ai oubliée dans les silences.

Et puis, je t’ai crue. Quand tu murmurais :

« Tu ne sais pas parler. Tu n’es pas faite pour ça. »

Mais aujourd’hui, je t’entends autrement.

Aujourd’hui, je sais que si tu trembles,

c’est parce que tu portes des vérités que j’ai trop longtemps gardées en moi.

Et si tu vacilles,

c’est parce que tu sors d’un long hiver de silence.

Tu ne dois pas être parfaite.

Tu dois juste être vraie.

Et ça… je le sens maintenant,

c’est la plus grande des puissances.

Alors je te tends la main, ma voix.

Tu peux sortir.

Tu peux danser.

Tu peux te poser sur mes mots, même maladroits.

Je ne te jugerai plus.

Je suis prête à t’aimer.

À t’offrir une place.

À te laisser chanter.

Et s’il faut, je chanterai faux,

mais je chanterai quand même.

Parce qu’au fond,

je n’ai jamais voulu autre chose

que d’exister pleinement — avec toi.

Inna

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