Lettre #2 — À celle qui retombe… et se relève quand même

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A serene rain-soaked road cutting through a misty forest, creating a mystical atmosphere.

Bon.
C’est le jour 2.
Et je ne me suis pas réveillée à l’heure.

J’ai mal dormi.
Je me suis couchée trop tard.
Et après mon nettoyage ayurvédique du matin, je suis retournée au lit.
Fatiguée…
Mais toujours motivée.

Même ça ne peut pas m’arrêter.
Je continue.
Here I am.

Mais même mon plus fort désir ne suffit pas à briser cette habitude.
Je suis restée au lit.
Pourquoi ?
Parce que ça ne concerne que moi.
Parce qu’il n’y a personne pour vérifier.
Parce que je peux toujours me dire : je le ferai demain.

Et alors, la vraie question surgit :
Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à m’engager envers moi-même ?

J’ai un désir profond d’être sur la plage,
de faire du yoga au lever du soleil.
De commencer ma journée dans la lumière.
Mais hier soir, je ne me suis pas couchée à temps.
Trop excitée. Trop stimulée.
Et ce matin, je me retrouve là, avec une tasse de café à la main.

Ce café que je veux arrêter.
Que j’ai promis de faire descendre à zéro en une semaine.
Et pourtant… c’est lui qui me tient.

Et le sucre ?
Et les petits plaisirs rapides ?
Et les séries que je regarde en me disant : juste un épisode ?
Hier, mon « jour 1 », j’ai regardé des séries tout l’après-midi,
mangé une glace, et cuisiné un barbecue tard le soir.

Et puis… il y a eu la viande.

Je ne la mange pas.
Mais je la cuisine.
Et à chaque fois, quelque chose en moi se brise un peu.

Je me sens coupable.
Pas seulement coupable de nourrir les autres avec ce que je refuse moi-même…
Mais coupable envers ces petits êtres sans voix,
ceux qu’on a oubliés,
ceux dont on a fait une habitude,
ceux qu’on sacrifie par confort ou par culture.

Et même si je ne les mange pas,
en les cuisinant,
j’ai l’impression de contribuer à leur disparition.
À cette chaîne de souffrance.
Et ça me met en colère.

Mais je n’arrive pas à dire non.
Parce qu’au fond, une autre part de moi se réjouit…
Quand le plat est réussi.
Quand ça sent bon.
Quand quelqu’un dit “Mmmh, c’est bon.”

Et cette petite joie flatte mon ego.
Elle me murmure : “Tu es utile. Tu sais faire plaisir.”

Même si, juste après, vient la honte.
Même si, dans le silence de la cuisine,
je me sens divisée, écartelée entre compassion et besoin d’exister.

Et tout est comme ça en ce moment.
Flou. Contradictoire. Épuisant.

Je suis là, à vivre une situation familiale lourde,
et je n’ai pas de réponses.

Je sais que c’est ma famille.
Que c’est mon rôle.
Que ma vie est faite pour aider.
Mais alors… pourquoi est-ce que je résiste ?

Pourquoi ai-je l’impression d’être utilisée ?
Pourquoi est-ce que je veux toujours fuir ?
Pourquoi est-ce que le présent me semble vide, sans relief,
comme une suite de tâches mécaniques et de faux sourires ?

Pourquoi est-ce que je me punis autant ?
Pourquoi est-ce que je ne me vois pas ?
Pourquoi ma voix m’est insupportable ?
Pourquoi je détourne les yeux de mon reflet ?

Parfois je pense… que je dois me punir.
Parce que je suis “laide”. Parce que je suis “trop”.
Trop lourde. Trop sensible. Trop déçue. Trop décevante.

Je commence des choses.
Mais je ne les finis pas.
Et tout ce que je touche, j’ai l’impression que ça rate.

Et je me demande :
Pourquoi suis-je venue au monde ?

Mais malgré tout ça…
malgré les questions, les nuits trop courtes, les colères silencieuses…
je sais une chose.

Je suis encore là.
Et demain… je continue.
Malgré tout.

Parce que je me pardonne.
Parce que je m’aime.
Et parce que je mérite de vivre des moments qui nourrissent mon être,
et qui, peu à peu,
me sortiront de ce cercle.

Et parce que je me suis promis…
66 levers de soleil avec moi-même. Même si je ne les vois pas tous,
je marcherai avec chacun d’eux.

Inna

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