Lettre #20 — À celle qui voulait danser

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Depuis toujours, la musique m’a accompagnée comme une amie intime.

Je choisissais mes chansons selon l’humeur du cœur :

les ballades d’amour pour pleurer,

la salsa pour séduire et sourire,

le classique pour m’endormir dans les étoiles.

Et puis, il y avait ces morceaux — rares, puissants — qui faisaient vibrer chaque cellule de mon corps.

Quand ils jouaient, je ne pouvais pas rester immobile.

Je voulais danser.

Pas pour être vue.

Mais parce que c’était la seule façon de dire ce que je ressentais.

Ce que les mots n’auraient jamais pu exprimer.

Et pourtant…

je ne t’ai pas vraiment suivie.

Quand j’étais plus jeune, je sortais danser.

Les gens me demandaient souvent :

« Tu es danseuse ? »

Ou bien :

« Je pourrais te regarder danser toute la nuit. »

Je me souviens d’un soir à Mexico. Quelqu’un m’a demandé si j’étais à moitié mexicaine —

parce que, disait-il, “les Européennes ne dansent pas comme ça”.

J’ai ri. Mais au fond de moi, je le savais :

il y avait en moi une danseuse endormie.

Peut-être d’une autre vie.

Peut-être d’un rêve ancien.

Une fois, j’ai même poussé la porte d’une école de danse.

Un simple cours d’initiation.

À la fin, la prof m’a regardée longuement.

Elle m’a dit :

« Où as-tu dansé avant ? »

Je lui ai répondu que c’était ma toute première fois.

Elle m’a souri, sérieuse, puis a ajouté :

« Il y en a une sur un million qui entend la musique comme toi.

Il faut absolument que tu continues. »

Mais je ne suis jamais revenue.

La vie a repris sa course, rapide et exigeante.

Et moi, je me suis racontée des histoires :

Tu es trop vieille.

Tu es trop occupée.

Tu n’as pas de temps.

La danse, c’est pour les autres.

Et puis, il faut une routine. Une stabilité.

Et tu n’as jamais aimé ça.

Mais aujourd’hui, je sais que ce n’étaient que des excuses.

Des murs dressés autour de ma peur.

Peur de ne pas être assez.

Peur d’être ridicule.

Peur d’oser.

Je n’avais pas compris, alors,

que l’on peut danser pour soi.

Pas pour briller.

Pas pour performer.

Juste pour vivre.

Juste pour respirer.

Aujourd’hui, je t’écris parce que je ne veux plus t’oublier.

Tu vis encore dans chaque note qui me traverse.

Dans chaque mouvement libre de mon corps.

Dans mon souffle, dans mes silences, dans mes élans.

Peut-être étais-tu danseuse dans une autre vie.

Et dans celle-ci, tu danses autrement.

Par le yoga.

Par les sons.

Par les gestes offerts aux autres.

Par la joie de transmettre.

Et peut-être qu’un jour, je danserai encore avec toi.

Les yeux fermés.

Les pieds nus.

Et le cœur grand ouvert.

Inna

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