Lettre #21 — À celle qui dépense pour se libérer

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A close-up image of stacked coins with a blurred clock, symbolizing time and money relationship.

Ce matin, j’ai déroulé mon tapis de yoga.

Puis j’ai passé des heures à cuisiner —

non pas parce que j’avais faim,

mais parce que j’avais besoin de nourrir quelque chose en moi.

Quelque chose qui cherche encore à se réparer.

Et alors, j’ai pensé à toi.

À toi, ma part de moi qui dépense pour se libérer.

Tu travailles, tu te débrouilles.

Tu as été forte, autonome, fière de t’en sortir seule.

Mais dès que l’argent arrive, il s’en va.

Il coule entre tes doigts comme de l’eau tiède.

Tu ne manques pas de toit.

Tu manges, tu partages, tu offres parfois plus que tu ne devrais.

Mais construire ? Garder ? Ancrer ?

C’est là que ça coince.

Il y a en toi un mouvement rapide,

comme si l’argent brûlait.

Tu le poses, et tu fuis.

Et une fois qu’il est parti…

Tu culpabilises.

Tu promets que ce sera la dernière fois.

Mais le cycle recommence.

Et je sais que tu ne le fais pas par inconscience.

Tu es lucide. Trop lucide parfois.

Tu sais que ce n’est pas raisonnable.

Mais ce que tu veux…

ce n’est pas acheter.

C’est respirer.

Tu dépenses pour oublier que tu as peur.

Tu dépenses pour te sentir vivante.

Tu dépenses pour aimer, pour offrir, pour te prouver que tu peux.

Mais au fond, ce que tu cherches, ce n’est pas une robe, ni un objet.

C’est une permission.

La permission d’exister sans te justifier.

La permission de recevoir sans payer d’avance.

La permission d’avoir… sans honte.

Tu n’es pas la cigale imprudente d’un vieux conte.

Tu es une femme qui porte en elle une histoire,

des mémoires de manque,

des promesses jamais tenues,

des hivers froids où il fallait choisir entre le nécessaire et le beau.

Mais tu es aussi celle qui cherche à briser le cycle.

Et pour ça, je t’admire.

Car ce n’est pas facile de se regarder avec honnêteté,

sans se punir.

Ce n’est pas facile d’apprendre à recevoir,

quand on a toujours survécu en donnant.

Un jour, peut-être bientôt,

tu verras l’argent autrement.

Ni comme un poison,

ni comme un pouvoir.

Mais comme un souffle. Un outil. Une énergie.

Et tu n’auras plus besoin de t’en débarrasser pour te sentir libre.

Tu sauras qu’il peut rester, sans te voler ton âme.

Tu le laisseras circuler avec conscience,

sans crainte,

sans honte.

Et en attendant ce jour-là,

je veux que tu saches ceci :

Tu n’as pas besoin d’être parfaite pour être aimée.

Tu n’as pas besoin d’avoir un compte plein pour être digne.

Tu n’as pas besoin de te prouver quoi que ce soit.

Car au fond,

tu n’as jamais vraiment cherché à posséder.

Tu as toujours voulu t’envoler.

Et cet envol, il commence maintenant —

pas dans l’achat,

mais dans l’accueil de toi-même,

avec tendresse.

— Moi

Inna

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