
Je pose les yeux… et déjà, sans même m’en rendre compte, la pensée juge.
Oh, elle est belle.
Lui a un drôle de nez.
Ce couple… comment font-ils l’amour ?
Ils sont si différents, comment se sont-ils rencontrés ?
Et elle, là… pourquoi cette couleur ? Ce choix ?
Le flot ne s’arrête pas.
Et s’il n’y a rien de nouveau à critiquer dehors, alors je me tourne vers moi.
Je juge mes yeux, trop différents.
Ma taille, trop grande.
Mon visage, trop fatigué.
Ma beauté : incertaine, jamais assez, toujours en question.
Et alors je me demande :
D’où vient ce besoin de juger ?
Pourquoi ce réflexe automatique, comme un muscle qui se contracte sans qu’on le lui demande ?
Je sais pourtant.
Je sais que chaque personne porte son histoire, sa vérité, sa vision.
Je sais que chacun a ses raisons d’être, ses blessures invisibles, ses choix qui n’appartiennent qu’à lui.
Je crois profondément à l’unicité de chaque chemin.
Et pourtant…
Mes pensées, elles, semblent n’en faire qu’à leur tête.
Elles ne suivent pas toujours mes principes.
Elles observent, comparent, catégorisent, commentent.
Parfois même dans le yoga, dans ce monde que je crois connaître.
Quelqu’un me dit : “Je me suis blessé en pratiquant.”
Et sans le vouloir, mon mental murmure :
“Mais comment est-ce possible ? Une personne qui pratique le yoga ne devrait pas se faire de mal…”
Et le lendemain, c’est moi. Exactement la même blessure.
Et là, je comprends.
Je comprends que juger, c’est parfois se protéger.
Un vieux mécanisme. Un masque.
Peut-être que mon mental croit qu’en jugeant, il ne sera pas jugé.
Peut-être qu’il pense que devancer le regard des autres, c’est être en sécurité.
Mais il se trompe.
Car à force de juger, c’est moi que je tiens à distance.
C’est moi que j’éloigne du réel, du vivant, de l’amour.
Alors aujourd’hui, je ne veux pas corriger, punir ou réprimer cette partie de moi.
Je veux simplement l’écouter, la reconnaître, lui souffler doucement :
“Tu n’as plus besoin de juger pour être protégée.
Tu peux juste… regarder. Sentir. Accueillir.
Tu peux apprendre à voir sans commenter.
Tu peux t’ouvrir à ce qui est.”
Et moi, je peux apprendre à observer sans conclure,
À ressentir sans étiqueter,
À vivre sans me comparer.
Pas pour devenir parfaite,
Mais pour devenir vraie.
-Moi
Inna



