
Ce matin, j’ai posé mes pieds au sol.
Et avant même d’ouvrir les yeux,
j’ai senti que mon mental courait déjà.
Les pensées, comme des chevaux sauvages,
me tiraient loin du corps.
Trop de visages. Trop de mots. Trop de demandes.
Et moi, écartelée.
Alors, je suis descendue.
Non pas dans une grotte,
mais dans mes pieds.
J’ai appelé doucement :
« Terre, es-tu là ? »
Et tu m’as répondu sans bruit.
Par ta patience.
Par ton immobile amour.
En Ayurveda, on dit que Vata – le vent intérieur –
s’envole quand le mental perd la racine.
Et que seul le contact avec toi,
la Terre, peut apaiser ce vent.
Toi, Terre, tu es le remède le plus ancien.
Tu n’enseignes pas avec des mots.
Tu enseignes par ta présence.
Tu me rappelles que rien ne presse.
Que respirer suffit.
Que marcher lentement, pieds nus,
c’est déjà revenir à soi.
Un maître zen disait :
« Là où tes pieds sont posés, est le centre du monde. »
Alors aujourd’hui, même si mon esprit vacille,
je te choisis comme point d’ancrage.
Je reviens à toi.
Encore et encore.
Tu n’exiges rien.
Tu offres tout.
Et dans le silence de ce sol,
je me rappelle :
je suis vivante.
Je suis là.
Je suis assez.
Merci, Mère silencieuse.
Je m’incline devant toi.
Et je me relève, plus vraie.
— Inna



