En ce jour où je me célèbre

Tu as toujours été là.
Avant même que je sache marcher,
avant même que je mette des mots sur le monde.
Tu parlais en images, en élans soudains, en frissons dans ma peau.
Et moi, j’écoutais — parfois.
Souvent, je t’ai laissée sur le bord du chemin,
trop occupée à suivre la voix forte de mon mental,
ou à courir après ce que les autres disaient qu’il fallait attraper.
Et pourtant, tu ne t’es jamais vexée.
Jamais partie.
Tu m’as suivie dans mes détours,
dans mes histoires trop rapides,
dans mes choix faits “pour être raisonnable”
alors que toi, tu me murmurais : ce n’est pas par là…
Il y a des jours où j’ai cru que tu m’avais abandonnée.
Mais en vérité, c’est moi qui avais fermé la porte.
Aujourd’hui, je comprends que tu es le fil invisible qui me ramène toujours à moi.
Tu es là dans le silence avant de m’endormir,
dans la douceur d’un matin sans bruit,
dans le regard d’un inconnu qui me fait sourire.
Tu es l’ancienne langue que mon cœur n’a jamais oubliée.
Alors, écoute-moi bien :
je ne veux plus te mettre en veille.
Je veux t’offrir de la place,
comme on réserve la plus belle chaise à un invité précieux.
Guide-moi.
Fais-moi ralentir.
Montre-moi les chemins qui ne sont pas encore tracés.
Je te suivrai,
même si ça veut dire quitter l’autoroute pour un sentier étroit.
Parce que, dans le fond,
tu as toujours eu raison.
-Moi
Inna



