
Ce matin, le téléphone a sonné.
Sur l’écran, le nom de mon amie d’enfance.
Si tôt, je l’ai senti : quelque chose n’allait pas.
J’ai eu raison. Elle avait besoin d’aide.
Et moi, au lieu d’ouvrir mon cœur,
j’ai ouvert ma bouche.
Au lieu de l’écouter,
j’ai laissé sortir cette voix en moi,
pressée, brûlante,
celle qui veut toujours expliquer,
toujours conseiller,
toujours savoir mieux.
Alors j’ai envie de t’écrire,
toi, la donneuse de leçons.
Qui es-tu vraiment ?
D’où viens-tu ?
As-tu vécu sa vie ? Non.
As-tu connu ses pensées, ses blessures, ses choix ? Non.
Alors pourquoi crois-tu avoir ce droit ?
Tu surgis comme si tu voulais protéger,
mais tu coupes l’élan de l’autre.
Tu crois éclairer,
mais tu voles la lumière de son expérience.
Tu veux rassurer,
mais souvent tu blesses.
Un jour, un maître a dit :
« Écouter avec un cœur ouvert est plus rare et plus précieux
que mille conseils. »
Je comprends maintenant.
Aujourd’hui, mon amie m’a offert un cadeau plus grand
que l’aide que je pouvais lui donner :
sa franchise.
Elle m’a dit qu’elle n’avait pas besoin de mes leçons,
mais simplement d’un « oui » ou d’un « non ».
Et c’était juste.
Alors je t’écris, voix bavarde en moi,
pour te dire : tais-toi parfois.
Apprends à écouter.
Apprends à accueillir sans corriger.
Apprends que la sagesse ne crie pas —
elle se dépose en silence.
Moi qui me cache souvent derrière le rôle de la protectrice,
moi qui même avec mes élèves
m’égare parfois dans des conseils non demandés…
aujourd’hui, je fais le vœu de simplicité.
Je choisis de marcher vers l’art le plus difficile,
et peut-être le plus beau :
l’art d’écouter.
-Moi
Inna



