Ce matin, je me suis éveillée aux bruits doux de la pluie. Quel bonheur de rester quelques instants au lit, avec un livre entre les mains, goûtant à la simplicité d’un réveil apaisé. Cela m’avait tant manqué…
Puis j’ai préparé ma salle, pour accueillir mes élèves. La pluie tombait encore, comme une musique discrète qui accompagnait la pratique. Ensemble, nous avons vécu une séance d’une grande beauté, soutenue par la fraîcheur du matin.
Alors une pensée m’a traversée : et si j’avais choisi un autre chemin ?
Celui de la réussite matérielle, ou celui d’une vie toute entière consacrée à la famille, au lieu de cette voie spirituelle ? Qui serais-je devenue ?
Au fond de moi, je le sais. Si je n’avais pas quitté mon pays, si je n’avais pas voyagé, rencontré tant de cultures et de visages, j’aurais fini enfermée dans une existence réduite, peut-être dans l’oubli de mes rêves et de mes élans. J’aurais pu devenir une mère brisée par ses regrets, plaçant sur ses enfants la faute de sa propre renonciation. Peut-être que je me trompe, mais une voix intime me dit que non.
Alors je m’interroge : qu’est-ce qui fait que nous prenons certains chemins et pas d’autres ? Quels mécanismes intérieurs nous poussent parfois vers l’évidence, parfois vers l’incertitude ?
Pour moi, la réponse est claire : je devais m’élancer, respirer, voler de mes propres ailes. Là où j’étais, je suffoquais. Là où j’étais, mes choix semblaient toujours à côté de moi, jamais vraiment miens.
Aujourd’hui, je comprends : même mes erreurs étaient justes. Même mes détours étaient nécessaires. Car sans ces choix, sans ces blessures et ces déceptions, je ne serais pas là, sur ce chemin d’enseignement et de service.
La souffrance a été le prix, mais aussi l’enseignante. Elle m’a forcée à chercher la lumière, à retrouver la bienveillance au lieu de la jalousie, à transformer le ressentiment en offrande.
Tous mes choix passés étaient des portes, et chacun m’a menée, pas à pas, vers le cœur de ma mission.
-Moi
Inna
