
Il y a quelques jours, j’ai fait une chose que je croyais simple : j’ai proposé à mon amie de partir ensemble, de goûter à la vie américaine comme deux jeunes filles libres, comme avant. Je ne pensais pas mal faire. C’était un élan spontané, une image du passé revenue : deux âmes insouciantes, découvrant un pays immense et une ville inconnue.
Mais parfois, nos élans touchent l’autre là où nous ne le pressentions pas. Mon amie porte une vie de courage, de responsabilités lourdes. Elle n’a pas la légèreté que je voulais partager. Alors, sans le vouloir, je l’ai blessée. Et en moi s’est réveillé ce vieux mécanisme : “je déçois toujours.”
Je me suis revue dans tant de situations : décevoir mes amis avec mes rêves trop grands, mon mari avec mes idées changeantes, mes élèves avec mes bavardages, ma famille avec mes contradictions. Comme si chaque fois que je suivais mon désir, je devais finir dans les yeux déçus de l’autre. Comme si j’étais née pour ne jamais briller.
Alors j’ai eu envie de disparaître. De me cacher dans un lieu où personne n’attend rien de moi, où je n’ai pas besoin d’être brillante, digne, parfaite. Mais une autre voix en moi m’a rappelé : “L’univers ne t’a pas créée pour te cacher. Il t’a créée pour creuser plus profond, pour trouver ce lieu secret où rien n’a besoin d’être justifié.”
Ce lieu existe en moi. Là où l’instant présent suffit. Là où chaque être est une étincelle de lumière, chaque défaut une leçon, chaque moment une offrande. Là où je peux aimer sans condition, sans peur de décevoir.
Peut-être est-ce cela, grandir : comprendre que mes maladresses ne sont pas des fautes, mais des portes. Que mes désirs spontanés ne sont pas des erreurs, mais des appels. Que mon rôle n’est pas de satisfaire le monde, mais de marcher vers la vérité, même bancale, et d’aimer à travers mes fissures.
Alors aujourd’hui, je cesse de me juger. Je cesse de vouloir disparaître. Je choisis d’aimer — sans frontières, sans conditions, en commençant par moi.
Parce que l’épanouissement n’est pas dans la perfection. Il est dans la lumière qui filtre à travers mes brisures.
-Moi
Inna



