
Aujourd’hui, c’est le sixième jour de ce voyage.
Et je dois te l’avouer… je ne suis pas en forme.
Si je m’écoutais, je retournerais me glisser sous la couette et je laisserais cette fatigue me bercer encore un peu.
Hier, c’était dimanche.
Après une matinée belle, vivante, pleine de lumière, j’ai décidé de ralentir.
J’ai terminé mon écriture, puis j’ai laissé le temps s’étirer. Je me suis posée, j’ai attendu que la chaleur redescende.
Et puis, sans prévenir, le ciel s’est couvert. L’air est devenu plus frais, plus doux.
Et en moi, une envie étrange est montée… celle de regarder quelque chose.
Depuis quelque temps, j’ai ce désir irrésistible de regarder des enquêtes policières.
Je n’aime pourtant pas la violence. Je la fuis. Je ne la supporte pas.
Et pourtant, quelque chose en moi reste captivée, hypnotisée jusqu’à la fin.
Avant, ce genre de film me bouleversait profondément. La douleur, la souffrance… tout restait en moi, me hantait.
Aujourd’hui, c’est différent. Je regarde, sans être touchée comme avant.
Mais une autre question émerge : Pourquoi nous montre-t-on tout cela ?
Quel est le véritable message ?
Avec tout ce que nous savons, tous ces thérapeutes, ces pratiques, ces outils…
Pourquoi y a-t-il encore tant de souffrance autour de nous ? Et en nous ?
Alors aujourd’hui, j’ai décidé de t’écrire, à toi, ma fatigue.
Tu arrives au bon moment.
Hier soir, j’ai enchaîné les épisodes jusqu’à tard, piégée dans l’énigme.
Il était presque minuit quand j’ai éteint l’écran.
Et bien sûr, après ça, le sommeil a mis du temps à venir.
Mais ce matin, malgré tout, je me suis réveillée tôt.
À 6h, les yeux ouverts, le corps encore lourd, je suis restée là, entre deux mondes.
Et je t’ai sentie.
Pas dans mon dos. Pas dans mes jambes.
Mais dans ma tête.
Ce n’est pas une fatigue du corps.
C’est une fatigue de l’esprit.
Cette usure lente et sourde de toutes ces pensées qui tournent sans fin.
Ce que je dois dire, faire, manger, corriger, justifier…
Et peut-être que c’est pour échapper à ce flot incessant que je me fige parfois devant un écran ?
Peut-être que c’est pour faire taire, quelques instants, ce bruit intérieur ?
Aujourd’hui, même écrire m’épuise.
Même les mots me glissent entre les doigts.
Et pourtant… j’essaie.
Parce que je veux te comprendre.
Tu es là depuis longtemps.
Et après des années de pratiques, de méditations, de tentatives de « lâcher prise », je suis encore là, à chercher comment faire taire mon mental.
On me dit souvent : « observe tes pensées ».
Mais quand je les observe, je suis déjà dedans.
La seule fois où je ne suis pas dans ma tête, c’est quand je transmets.
Quand j’enseigne le yoga.
Quand je joue pour un bain sonore.
Là, je suis entière. Présente. Silencieuse à l’intérieur.
Alors aujourd’hui, je te dis merci.
Merci, ma fatigue.
Parce que tu me rappelles que je suis humaine.
Que j’ai besoin de repos.
Que j’ai encore des choses à apprendre.
Que la douceur commence par l’écoute.
Et si je n’ai pas l’inspiration aujourd’hui,
Si les mots me manquent…
C’est peut-être simplement ton langage à toi.
Un langage qui dit :
« Ralentis. Respire. Reviens à toi. »
Inna