
Aujourd’hui, je t’écris pour te dire au revoir.
Demain, je me lève sans toi.
Demain, c’est zéro café.
Tu as été là si longtemps. Fidèle compagnon de mes matins brumeux, allié dans mes journées denses, refuge dans mes fatigues silencieuses.
Tu m’as offert ton goût fort, ton odeur chaude, ce petit élan d’énergie.
Et j’ai aimé ça.
Vraiment.
Mais aujourd’hui, quelque chose en moi dit stop.
Pas dans la colère.
Pas dans la peur.
Mais dans un acte d’amour.
Je t’ai servi une dernière fois, dans une jolie tasse. Pour t’honorer.
Pas comme une mauvaise habitude à bannir, mais comme une présence que je laisse partir avec respect.
Car malgré ta chaleur et ta saveur unique, tu es devenu trop.
Trop dans mon corps.
Trop dans ma tête.
Trop dans ma vie.
Mon système nerveux est épuisé.
Mon foie travaille sans relâche.
Mes nuits sont agitées, mes muscles tendus, mon énergie volée plus qu’offerte.
Tu m’as demandé un prix trop élevé.
Et moi, j’ai mis du temps à l’accepter.
J’ai arrêté la viande.
J’ai dit non à l’alcool, au tabac.
Mais toi… tu es resté. Tu étais la dernière corde. La plus subtile. La plus ancrée.
Demain, je vais trembler.
J’aurai peut-être mal à la tête.
Je me sentirai lente, fragile, désorientée.
Mais je serai libre.
Et surtout, je serai vivante autrement.
Ce n’est pas toi le problème.
Tu es une plante noble, puissante, sacrée.
Mais je ne t’ai pas honoré à ta juste place.
Je t’ai transformé en habitude.
En besoin.
En fuite.
Et maintenant, je choisis une autre vibration.
Je choisis la clarté.
Je choisis le silence dans mes cellules.
Je choisis de nourrir mon corps comme un temple, avec des aliments et des boissons qui soutiennent, qui soignent, qui élèvent.
Car ce que je prépare dans ma cuisine, ce que je sers à ma famille, ce que j’enseigne à mes élèves… porte l’empreinte de ce que je suis.
Alors aujourd’hui, je ferme ce chapitre.
Je te laisse partir.
Et je me rends à la douceur.
À la lumière lente.
À l’éveil naturel.
Et peut-être qu’un jour, toi et moi, on se retrouvera. Une fois de temps en temps, avec conscience, avec mesure, avec amour.
Mais pour l’instant… je choisis l’espace.
Je choisis la vie.
Je choisis moi.
Adieu, mon café.
Inna